PHA - Nadjim Ahamada tire sa révérence

Après 15 ans de carrière riche en événements, Nadjim Ahamada, usé autant physiquement que mentalement, a décidé se retirer des terrains. Retour un parcours hors du commun.

On ne verra plus sa grande carcasse sur les terrains. A 32 ans, Nadjim Ahamada a décidé de mettre un terme à sa carrière. Usé physiquement "je n'ai pas retrouvé la pleine possession de mon genou", c'est surtout mentalement que la lassitude s'est faite sentir : "je me retrouve de moins en moins dans ce milieu. Les mentalités ont changé et les priorités des joueurs aussi. En amateur, les joueurs courent après l'argent avant de penser à courir derrière le ballon". Le ballon, c'est ce qui a toujours passionné Nadjim Ahamada, qui a explosé aux yeux de tous lors d'un tour de Coupe de France avec le Burel face à Consolat : "j'avais 18 ou 19 ans, et je marque deux buts. On perd finalement 3-2 aux prolongations mais le club alors en CFA décide de me recruter". A Consolat, Ahamada côtoie le haut niveau et franchi un pallier : "Hakim Malek m'a fait grandir, surtout tactiquement. Je savais jouer mais pour être titulaire en CFA, il a fallu travailler. J'arrivais de PHB, il y a un monde d'écart entre les deux. J'ai joué avec Sciortino Jean-Marc Edouard, des figures de la région. Avec eux, j'ai beaucoup appris". Après un an à Plan de Cuques, il rebondit à Berre où il passe cinq belles années malgré un gros coup dur : "c'était vraiment un club familial. Le président était avec nous, il participait, il nous offrait des restos pour qu'on soit ensemble. Quand je me suis fait une triple fracture ouverte, il est venu avec moi à l'hôpital, il s'est occupé de tous les papiers. Une fois que j'ai quitté le club, il a continué à prendre de mes nouvelles."

Fighting Spirit et jeux vidéos

 

Remis, Nadjim Ahamada décide de quitter la France pour l'Angleterre. Un choix de vie plus que footballistique, même si l'envie était toujours présente : "j'ai joué trois mois en D3 à Tooting and Mitcham grâce à un ancien coéquipier de Consolat qui habitait en Angleterre. Là-bas, ils s'entrainent comme ils jouent, ce n'est pas une légende. Pour mon premier entrainement, il est venu quatre fois les camions de pompiers. J'ai découvert une autre manière de jouer, ça m'a bien plu. Mais j'ai trouvé un travail qui ne me permettait pas de continuer." Une fois de retour en France, il évolue une nouvelle année à Berre avant de rejoindre son ami, Moubarak Adballah, qui était président de la Busserine : "on est monté en PHB puis en PHA. Mais quand je vois le niveau de maintenant…il y a 10 ans, il fallait être bon pour jouer en PHA alors en CFA, il fallait être presque pro. Maintenant en PHA, il y a des joueurs qui auraient à peine eu le niveau de Promotion de Première quand j'ai commencé". Le constat est peut être dur. Mais Nadjim Ahamada a côtoyé le haut niveau et sait de quoi il parle. International comorien, il a participé aux éliminatoires de la coupe du monde 2010 : "je fais partie des premiers joueurs à représenter les Comores, avec Djamal Mohamed, le directeur sportif de Consolat, ou Djamel Bakar. On faisait les jeux des ïles. Ce n'était pas vraiment une sélection officielle. Maintenant, la fédération ne recherche que des joueurs pros. On représentait notre pays, ce sont vraiment de bons souvenirs. Je suis même dans le jeu vidéo Coupe du Monde 2010 (rires)". La trentaine à peine passée, si les jambes ne suivent plus, Ahamada n'a pas définitivement tourné le dos au football. Il pourrait même prendre prendre une nouvelle voie, plus rapidement que prévu : "je suis en train de réfléchir à prendre une équipe de jeunes, ou peut-être les séniors à l'AS Karthala où mon oncle est le président". Il serait en effet dommage qu'une personne au passé aussi riche ne transmette pas son expérience.

Jérôme Olivari

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