En reprenant l'équipe du Pays d'Aix, Adel Chedli n'aurait jamais crû que la tâche serait aussi difficile. Mais sa passion du foot et le projet du club lui donne l'envie de ne pas lâcher.
Adel, cette victoire doit vous faire du bien au moral ?
C'était un match bizarre. Je n'avais pas de gardien, sur un effectif de 40 joueurs, je n'arrive pas à faire une équipe le week-end, du coup, j'ai mis un attaquant dans les buts et il a été très bon. J'ai même demandé à l'arbitre si on pouvait reculer le coup d'envoir car il me manquait des joueurs. C'était un vrai match de bas de tableau, celui qui marquerait en premier gagnerait. Ça a tourné en notre faveur.
Le constat est dur…
Je ne m'attendais pas à vivre six mois comme ça. Quand Cyril Granon m'a appelé, il m'avait prévenu. J'avais déjà entrainé en amateur, je sais qu'on est pas choyé comme en pro, mais je ne m'attendais pas à ça. C'est la passion du football et la parole donnée qui me font tenir. Certains n'ont pas l'habitude que ce soit carré, c'est un peu où je veux, quand je veux. Je sors de boite, je viens directement au match. Mais ça ne marche pas avec moi. Dimanche, j'ai fait jouer un gars qui n'avait jamais joué au foot de sa vie, mais il s'investi à fond, il se bat. Et en PHB, c'est ce qu'il faut parce que le niveau est faible. Mis à part l'Etoile Huveaune, que je connaissais de l'année dernière, qui a des attaquants rapides et qui essayent de jouer au foot, je n'ai pas vu d'équipes supérieures à la notre, sans manquer de respect à personne.
La situation semble difficile
Le club a misé sur les jeunes. Le but est de se maintenir cette année et de repartir sur de meilleures bases. Mais on a tout contre nous, la mairie ne nous aide pas. On s'entraine sur un quart de terrain. L'autre jour, il y avait les U13 qui s'entrainaient, je ne me voyais pas enlever un petit qui pratique sa passion pour mettre mes joueurs sur le terrain. Je n'ai jamais connu ça. Ça explique aussi pourquoi certains ne viennent pas à l'entrainement, mais il y a un état d'esprit à avoir. Seul trois ou quatre joueurs jouent le jeu. A l'entrainement, j'ai parfois l'impression d'avoir à faire à des gamins. Ils veulent faire des 4 contre 4, des jeux. Mais on n'est pas en préformation, en séniors, on a besoin de bosser. La dernière fois que j'ai fait du fractionné, il a fallu que j'arrête au bout de deux minutes, les gars étaient morts.
Votre passé devrait pourtant donner envie aux joueurs de venir et d'apprendre ?
Certains oui, mais la plupart n'aiment pas qu'on leur donne des ordres. Même si on joue en PHB, je prépare mes séances, je fais une heure et demi de route pour aller à l'entrainement et quand j'arrive on est sept. Ça casse le moral, mais je ne peux rien y faire. Après, il y en a qui savent ce qu'ils veulent, qui respecte le maillot. Si je reste l'an prochain, je ne garderais que certains joueurs. L'état d'esprit est primordial.
Que faut-il faire pour changer tout ça ?
Il faut vite que la saison se termine et repartir de zéro. Si je dois rester, je veux une ossature et pouvoir prendre des joueurs pour pouvoir bâtir quelque chose pour arriver à la finalité de notre projet. On veut monter en DH le plus rapidement possible. Mais pour ça, il faut des joueurs concernés. Mais malheureusement, j'ai l'impression qu'à Aix, le football passe après.
Malgré les difficultés, ce projet peut vous donner envie de rester ?
Oui, parce qu'il y a des gens en place qui ont envie de faire bouger les choses. Le président est arrivé et à éponger les dettes, le directeur sportif est un ancien pro, il y a Cyril Granon aussi. Les gens ont envie d'avancer. On est un des seuls clubs à avoir toutes ses catégories de jeunes en Ligue. Le projet est intéressant, si j'ai des garantis de pouvoir bosser dans de bonnes conditions, ça ne me dérange pas de rester. Je suis un passionné, j'aime football et pour les joueurs qui viennent et qui s'investissent, je tiens à leur dire que je les respecte et que je ne les lâcherai pas.