A 29 ans, Jonathan Ibanez, le coach de la DHR de Marignane/Gignac fait partie de cette nouvelle vague d'entraineur pour qui le plaisir et le jeu vont de pair. Entretien avec un entraineur aux principes bien définis.
Jonathan, comment êtes vous devenu entraineur ?
J'ai commencé très tôt à 17 ans dans mon club de Châteauneuf, avec les débutants. Je n'ai pas un gros parcours de joueur, mais j'étais à chaque fois capitaine de mon équipe, un meneur qui accompagnait les coachs donc le fait d'entrainer est devenu naturel. J'allais renter dans mes études et il fallait faire un choix. Et je me suis vite rendu compte qu'entrainer était une vocation.
Quel est votre parcours ensuite ?
Je suis parti dans la région lyonnaise pour poursuivre mes études. C'est là-bas que j'ai passé mes diplômes. J'ai rencontré de bons formateurs, avec des idées nouvelles.
Quand vous êtes revenu, où avez-vous atterri ?
J'ai atterri au plus bas, j'ai recommencé par la petite porte en U17 pré-Excellence à Gignac. Ici, il faut se faire un nom. L'année d'après, je suis monté en Excellence. A Lyon, j'avais entrainé 3 ans en U17 donc à la fin de la saison, j'ai demandé à devenir adjoint de Walid Marzouki en U19. On a fait une belle saison. Ça m'a permis de découvrir le niveau régional en jeunes. Et à la fin de l'année, on m'a proposé les séniors DHR et je n'ai pas trop cherché à comprendre, j'ai saisi l'opportunité. Et cette année, je pense que j'ai autant appris que ce que j'ai pu donner à mes joueurs.
Les séniors, c'était une catégorie que vous envisagiez ?
Oui parce que je me suis rendu compte l'an dernier en U19 que j'avais la fibre avec des gars avec qui on peut parler tactique. Je pense que mon tempérament convient bien à des adultes. Je suis plutôt quelqu'un de franc, donc c'est plus facile de dire les choses. Il faut savoir parler aux gens, tout simplement.
Quelles sont les idées que vous voulez mettre en place ?
Le jeu, le plaisir et se faire plaisir. J'essaye de ne jamais faire la même séance d'entrainement. Souvent, on se retrouve dans des équipes stéréotypées. On essaye de partir de derrière, de jouer. On prend une licence pour ça. Si on me dit de balancer devant, ça ne sert à rien. C'est compliqué en ce moment car ce sont les équipes qui contre-attaquent qui ont le plus de chance de gagner mais on essaye. Je ne veux pas renier mes principes, même si je suis dernier du classement. Je veux le résultat mais avec la manière.
Vous dites progresser en même temps que votre équipe. Dans quel domaine avez-vous évolué ?
Dans le management, dans la gestion des matchs. Une fois le joueur sorti, c'est définitif, donc il ne faut pas se tromper. Tous mes coachings n'ont pas été bons. Il faut analyser le jeu à la pause, en fin de match. C'est vraiment la tactique qui prime. En jeunes, c'est plus décousu. Là, on n'a pas le droit à l'erreur.
Le fait d'être jeune a été un frein ?
C'est plus difficile parce qu'on part souvent du stéréotype où l'ancien joueur devient entraineur. Il n'y a pas beaucoup de jeunes en DHR, mis à part Benjamin Mazel, chez qui je retrouve des similitudes d'ailleurs. Il faut arriver à se faire une place. Ce n'est pas parce qu'on est jeune qu'on ne peut pas apporter quelque chose.
On a ce sentiment que les jeunes ont envie de se faire plaisir et de montrer autre chose ?
Malheureusement les gens sont restés sur l'image du foot en 98. On ne parle que de physique alors qu'il y a énormément de choses à travailler sur l'aspect tactique, sur les animations offensives et défensives. Que ce soit en U17 ou en DHR, j'ai toujours entrainé de la même manière. Ce n'est pas parce qu'on entraine en pré-excellence qu'on est plus bête qu'un autre. Je suis préparateur physique mais à l'entrainement on ne fait que du jeu. D'ailleurs on dit jouer au foot, ça prouve que la notion de jeu est importante.
Et les joueurs adhèrent ?
Il a fallu un certain temps pour certains mais ça a pris. Ça se ressent sur le terrain. On est dernier au classement avec la cinquième attaque du championnat. Il ne faut pas croire que ce qu'on voit à la télé soit impossible. Il faut convaincre les joueurs qu'un autre football est possible. Je le vois avec mes joueurs qui prennent du plaisir. On peut demander des choses aux footballeurs et pas seulement courir derrière le ballon, et ce, à tous les niveaux. Il faut arriver à faire changer ces mentalités.
Quelles sont vos ambitions pour la suite ?
J'aimerais intégrer une structure professionnelle en jeunes et devenir entraineur à part entière, faire de la formation. Ce n'est pas forcément entrainer en DHR qui va m'amener à ça mais ça me permet de compléter ma formation. J'espère y arriver un jour. C'est le management qui m'a toujours plu, être sur le banc. C'est vraiment ça qui me fait kiffer. L'été je bouillonne parce qu'on peut rien faire. Transmettre et faire passer des idées.