C'est à Marzy, petite commune de 3000 habitants à 570km de Marseille qu'a atterri Jean-Pierre Tumbarello. Dans la Nièvre, ce Marseillais a découvert les joies du coaching des séniors et les us et coutumes d'une région. Pour Gfoot13, il se livre sur son expérience aussi touchante que drôle, avec l'OM et le sud comme fil conducteur.
Il était parti pour l'amour, il a finalement trouvé… le football. A 46 ans, Jean-Pierre Tumbarello s'est exilé dans la Nièvre depuis deux ans. Ce Marseillais a découvert une autre manière de vivre lefootball, auquel il a fallu s'adapter : "il y a beaucoup de séniors et moins de jeunes. L'ambiance est plus saine. S'il arrive qu'on se mette quelques taquets comme partout, à la fin, l'équipe recevante fait la haie d'honneur à son adversaire et on passe à autre chose. Et il n'y a pas de grillages autour des terrains, au pire, une main courante et ça n'empêche pas les gens d'être respectueux". C'est donc dans une toute autre ambiance que Tumbarello s'est fondu dans la masse : "la passion est moins exacerbée que chez nous. Mais il règne une vraie ambiance conviviale dans les clubs. Quand j'entrainais les U15 dans le sud, une fois que j'avais fini, je rentrais chez moi. A Marzy, j'entraine les U11 et à la fin de l'entrainement, on est entre éducateurs ! Et ça reste à l'apéro". Le coach a parfois dû faire face à des à priori cocasses : "quand je leur ai dit d'où je venais, ils ont tous crû que j'vais entrainé à l'OM parce que, pour eux, Marseille, c'est l'OM. D'ailleurs, même s'il y a des supporters de Lyon ou de Saint-Etienne, j'ai trouvé des supporters de l'OM. Au moins, je me sentait moins seul" explique celui qui se balade avec sa parka aux couleurs olympiennes.
Dans la Nièvre, Jean-Pierre Tumbarello a découvert le monde séniors et la Division 3 (équivalent à notre Promotion de Première). Lui qui était au départ réticent à coacher des adultes, y a trouver son compte : "depuis cette saison, en plus des U11, j'entraine l'équipe 3 et je ne pensais pas que ça me plairait autant. C'est un autre monde. Ils sont encore pire que des enfants parce qu'il faut toujours leur rappeler les horaires (rires). On peut avoir un autre discours moins edulcoré, et quand on parle football, on est plus rapidement compris". Avec des joueurs qui flirtent avec la quarantaine et qui viennent pour se faire plaisir, le coach marseillais a dû s'adapter à des coutumes pour le moins folkloriques : "j'avais un de mes joueurs qui jouait avec le briquet et la cigarette dans la chaussette. Dès que l'arbitre sifflait la mi-temps, il s'en grillait une. Un autre ne voulait pas reprendre s'il n'avait pas bu son whisky à la pause. Ce sont des choses impensables dans le sud et pourtant, ça n'empêchait pas les mecs d'être performants". Cet attrait pour les séniors pourrait l'amener à visiter un nouveau département, celui du Cher où le club de la Guerche lui fait les yeux doux : "là-bas, c'est moins bouché qu'à Marzy, j'aurais plus la possibilité d'évoluer, de monter. C'est vraiment cet aspect sportif qui me pousse à partir et non des considérations financières".
"Ce qui me manque le plus, c'est le chant des cigales"
La seule chose qui manque finalement à Jean Pierre Tumbarello, c'est le climat. Même s'il a appris à se moquer de quelques mauvaises habitudes bien de chez nous : "dès qu'il pleut trois gouttes, on nous sort un arrêté préfectoral alors que tous les terrains sont en synthétique. Ici, il n'y a que des pelouses et pourtant, on joue. Au début, quand il pleuvait, j'appelais les mecs pour annuler, mais non, ils voulaient s'entrainer quand même. On a fait des matchs dans 10 centimètres de gadoue, sous des trombes d'eau et ça n'a tué personne". Finalement, ce qui lui manque le plus "c'est le chant des cigales. Ici, il n'y en a pas. Quand j'ouvre mes fenêtres le matin, j'ai le chant des corbeaux. La seule chose que je ne regrette pas c'est le mistral". Toutefois, l'appel du sud est fort. Et ce n'est pas l'envie de revenir qui manque : "bien sûr que j'aimerais revenir. Si je savais qu'en redescendant, j'étais sûr d'avoir du travail, je reviendrais. Je suis toujours l'actualité des clubs de la région. Je ne suis qu'un émigré en Bourgogne. Même si on me dit que je n'ai l'accent que quand je m'énerve au bord du terrain, je ne peux pas renier d'où je viens".
Jérôme Olivari