EXCLU - Fabrice Apruzesse, le sang bleu et blanc

Il est la preuve qu'à force de travail tout est possible. Fabrice Apruzesse a réalisé le rêve de tous les Marseillais mais aussi de tous les footballeurs amateurs en portant le maillot de l'OM un certain 18 novembre 2012 face aux Girondins de Bordeaux. Retour sur ce parcours hors du commun et sur son amour du club olympien, avec le Classico face au PSG en ligne de mire. Une interview 100% marseillaise.

 

Fabrice, peux-tu nous expliquer ton parcours avant de rejoindre la réserve de l'OM ?

J'ai commencé comme défenseur à l'AS Mazargues puis je suis parti à Montredon Bonneveine en tant que milieu et un jour, mon coach dit à mon père qu'il allait me faire jouer devant. Mon père était étonné parce que six mois avant j'étais derrière. Mon coach lui a dit de lui faire confiance et pour mon premier match, j'ai mis quatre buts. Et je n'ai plus jamais bougé de devant.

Par contre, tu as pas mal bougé au niveau des clubs?

J'ai joué à l'ASPTT. J'ai fait des essais à Sochaux, Châteauroux mais comme je n'avais pas de bons résultats scolaires, ça m'a bloqué. Je suis donc parti à Istres où je ne me suis pas adapté. Je suis revenu sur Marseille, au Burel. Puis je suis retourné à Montredon et enfin Vivaux Marroniers chez les jeunes.

Tu fais un démarrage fracassant en séniors…

Au Bosquet-Néréides, je finis meilleur buteur de DHR avec 22 buts. Je signe à Endoume en CFA mais je ne joue que des bouts de matchs. Je pars en décembre à Saint-Cyr et c'est la même histoire. Je retourne aux Néréides en DH. On fait une belle saison mais on a eu une histoire en barrages de CFA2 contre Saint-Chinian et le club est relégué en PHB. Puis je pars à Aubagne et c'est là que tout a commencé.

Tu t'y es tout de suite bien senti ?

Oui, on est champion de DHR contre Carnoux. En finale je marque 3 buts et je fais une passe décisive (4-2). J'avais des contacts mais j'ai voulu confirmer à Aubagne. Je mets 20 buts en DH et Consolat m'appelle. Le club a envie de monter en CFA. J'étais un peu réticent parce qu'on ne m'avait pas trop fait confiance avant. Fred Cravero, mon entraineur à Aubagne, m'a convaincu en me disant que j'étais prêt. Et il ne s'est pas trompé. À Consolat, je finis deuxième meilleur buteur, on monte en CFA. Je démarre bien la deuxième saison mais je me fracture le péroné. Et c'est là que l'OM me passe un appel.

"J'ai réalisé le rêve de tous les Marseillais" 

Tu as décidé de ne pas y aller tout de suite. Pour quelles raisons ?

L'OM me voulait à tout prix. Mais Consolat avait pris tous mes soins en charge, je ne voulais pas partir comme un voleur. J'ai trouvé un accord avec le club pour partir en fin de saison, comme ça Consolat avait le temps de se retourner. Il faut savoir que je travaillais comme chauffeur-livreur. C'est ce qui me faisait vivre. J'ai trouvé un accord financier avec l'OM pour pouvoir quitter mon travail et ne vivre que du football. Il faut savoir qu'en jeune, l'OM était déjà venu me chercher m'ai j'ai toujours refusé parce que je préférais rester avec mes collègues. À 27 ans, je me suis dit que ce serait ma dernière chance de porter le maillot de mon club de cœur.

À l'OM, tu es arrivé avec un rôle bien spécifique ?

Franck Passi voulait un mec pour marquer des buts et ça ne court pas les rues. Mais Passi est passé adjoint chez les pros et Eric Thiery est devenu l'entraineur de la réserve. Comme il venait du centre de formation, il voulait faire confiance aux jeunes, ce qui est normal. Mais il s'est vite aperçu qu'en CFA2, il fallait des anciens pour les encadrer. La première année, on ne monte pas pour un but d'écart. La seconde, on finit quatrième. On change de coach et Thomas Fernandez me renouvelle sa confiance. On monte en CFA, je fais une belle année et on se maintient la saison dernière. Puis le club m'a expliqué qu'il voulait changer de politique, faire confiance aux jeunes. C'est normal, je l'ai compris.

Les quatre saisons ont été une fierté pour toi ?

Oui, c'est le club que j'ai toujours supporté. En plus, j'ai connu un parcours extraordinaire. Je me suis entrainé avec les pros, j'ai fait une apparition contre Bordeaux. Ce sont des moments qu'on ne peut m'enlever. J'ai réalisé le rêve de tous les Marseillais.

C'est quelque chose que tu as réussi à transmettre aux jeunes ?

Je leur ai fait comprendre qu'ils ont une chance inouïe d'être là, que des milliers de Marseillais aimeraient être à leur place. J'essayais de leur expliquer que pour jouer en Ligue 1, il fallait passer par la CFA2, la CFA. Ce n'est pas évident de s'entrainer la semaine avec les pros et jouer en réserve le week-end. Mais tout le monde est passé par là. Quand je vois que des gars avec qui j'ai joué, comme Jobello ou Aloé, réussissent en Ligue 2, c'est une fierté. Et je ne parle pas de Maxime Lopez.

Tu t'attendais à ce qu'il explose comme ça ?

Oui parce qu'il joue en relayeur, un poste qu'il connaît bien. On voyait bien qu'il était au-dessus du lot. Je lui avais dit qu'une fois qu'il serait en haut, il n'en bougerait plus. Je pense qu'avec ses qualités, Maxime ne restera pas longtemps, ce sera un très très grand joueur. Mais il ne faut pas s'inquiéter, il y en d'autres dans ce cas. Je pense à Bouba Kamara, Boutobba auraient eu la même trajectoire. Après chacun évolue à son rythme, mais il y a de bons jeunes au club.

"65 000 personnes derrière toi, ça te fait pousser des ailes"

Dimanche aura lieu, le Classico. Que représente-t-il pour toi ?

Les supporters peuvent accepter des défaites, mais celle contre le PSG est interdite. On préfère perdre cinq défaites d'affilée et gagner le Classico. Ce match, il a vraiment une saveur particulière. La ville s'arrête.

Quand tu étais en réserve, tu sentais l'engouement autour de ce rendez-vous ?

Ha oui, on se languissait que ce match arrive, alors qu'on savait qu'on n'allait pas le jouer. Ce sont des matchs que tous footballeurs marseillais ont envie de jouer. OM-PSG au Vélodrome, avec 65 000 personnes derrière toi, ça te fait pousser des ailes.

Quand l'OM gagne, on a coutume de dire que la ville va bien pendant une semaine…

Ça permet d'oublier les soucis du quotidien. Et en tant que joueur, le public oublie les erreurs que tu as pu faire auparavant. Le Classico a un impact énorme. Ça ne touche pas que l'équipe pro, ça touche le club, la ville. L'OM c'est le club de tous les Marseillais.

Tu es aujourd'hui à Aubagne. Comment ça se passe pour toi ?

Ça se passe bien malgré ma blessure (il souffre d'une fracture du péroné). J'espère revenir pour les dernières rencontres en championnat. Malheureusement, j'ai connu une année un peu noire avec des petites blessures. Je garde le mental, j'espère revenir encore plus fort. Malgré tout ça, j'ai inscrit 9 buts, j'avais bien commencé. On a un bon staff, un super président. L'équipe a été renouvelée à 80% donc il a fallu du temps pour s'adapter. On est en course pour la montée. Il y a tout pour se régaler et permettre à ce club de monter en CFA, je pense que la ville le mérite. C'est un club qui a compté pour moi, si j'ai eu ce parcours, c'est en partie grâce à lui.

J.O 

Source : le phocéen

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